MAJ : 23 janvier 2004
Savoir penser ce qui est dit, pour pouvoir dire ce que l'on pense Avant de créer cette page, par coïncidence, je viens de lire un article de U. Eco (De la Littérature, p. 339), où je suis tombé sur ces mots : "antirhétorique, et donc antifasciste". Je ne suis pas du tout sûr qu'Eco soit un libertarien, et pourtant, comme eux, il compte explicitement le communisme soviétique parmi les fascismes, et surtout utilise implicitement la catégorie "collectivisme". Or, précisément, la rhétorique - cet art de présenter les arguments pour mieux convaincre - est au coeur du discours romantique-collectiviste, fallacieux par nature, dans la mesure où ce discours doit soigneusement dissimuler les droits naturels - et la réalité - qu'il nie. Déjà, dans LTI, le linguiste O. Klemperer avait montré les distorsions rhétoriques subies par la langue dans l'Allemagne nazie. Au niveau du lexique, de la syntaxe, de la logique, de la représentation, les collectivistes finissent, par l'intermédiaire d'organes d'information et d'éducation rangés en ordre de bataille, par imposer leurs manipulations et ce d'autant plus que leurs utopies finissent le plus souvent en catastrophe que la langue (la fameuse langue de bois, novlangue... ou francophonie !) a pour mission de maquiller. Autant dire que le langage verrouille ou déverrouille, selon, les fers que les collectivistes (communistes, fascistes... ou sociaux-démocrates !) se proposent de nous passer. Autant dire qu'il vaut mieux savoir penser ce qui est dit, pour pouvoir dire ce que l'on pense. C'est pourquoi, commençant par la traduction de ce dictionnaire des arguments fallacieux tiré du site de Hogeye Bill, Contrepoison ouvre sa "boîte à outils anti-rhétorique"... Liens
utiles en français : |
How to think what they say, so that we can say what we think Before making this page, I happened to read an article from U. Eco (On Literature), in which I found the words : "antirhetorical, therefore antifascist". I'm not sure that Eco is a libertarian at all but, as libertarians do, he implicitly counts sovietic communism among fascisms, and moreover implicitly uses the concept of "collectivism". And we know that rhetoric, the art of presenting arguments to convince in an effective way, is the heart of romantic-collectivist discourse, which is inherently fallacious, as it has to conceal natural rights, and reality, which it denies. In Lingua Tertii Imperii, A Philologist Notebook, linguist O. Klemperer had already shown rhetorical distorsions, undergone by German language under nazi years. In vocabulary, syntax, logic, cognition, the collectivists manage to impose their manipulations, thanks to submissive medias and education, all the more so as collectivist utopias often end in disaster, which language is assigned to make up. Consequently, language may bolt or unbolt the chains which collectivists (communists, fascists... every kind of planist in fact) would like us to bear. Consequently too, we'd better know how to think what they say, so that we can say what we think. That's why Contrepoison opens its "antirhetoric toolbox", and we begin with translating the dictionary of fallacies from Hogeye Bill's site. For more convenience, English-speaking readers should link to : http://www.vaz1.net/bill/anarchism/Fallacies.html. |
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Ce sophisme consiste à déplacer le sens d'une affirmation en changeant l'intonation. Par exemple : "nous ne devrions pas dire du mal de nos amis" semble raisonnable quand on le lit sans accentuation. Si quelqu'un en conclut qu'on peut dire du mal de ceux qui ne sont pas nos amis, il a apparemment permuté les prémisses en insistant sur le dernier mot. Insister sur d'autres mots (nous, dire) mène encore à d'autres sens et d'autres conclusions distincts.
Citer quelqu'un hors de contexte est un exemple de cet argument fallacieux. Souvent un passage peut seulement être compris avec son contexte explicatif, qui donne son environnement, son sens et ses qualités. Autres exemples de cet argument : titres de journaux ("Révolution en Corée du nord" en gras, suite en petits caractères "... peu probable dan un proche avenir".) ; placards publicitaires ("Votre PC pour 500 euros" en accroche, suivie des petits caractères "moniteur et combo CD-DVD non compris").
Ce sophisme consiste à appliquer une règle générale à un cas particulier dont les qualités "accidentelles" ou les circonstances rendent la règle inapplicable. Si un psychopathe se renseigne pour savoir où je range mon revolver, n'ai-je pas intérêt à répondre "je n'ai pas d'arme à feu", même si j'en possède une en réalité ? Dire la vérité est une excellente méthode heuristique, mais il est implicitement clair qu'elle s'applique aux conditions de la vie civilisée, pas à des conditions extrêmes de survie.
Le syllogisme hypothétique "Si A alors B ; A est vrai ; donc B est vrai" est valide. On l'appelle modus ponendo ponens, ce qui signifie affirmer l'antécédent. Une erreur commune est d'affirmer le conséquent B. C'est le sophisme d'affirmation du conséquent. "Si Molière a écrit Le Cid, alors Molière est un grand dramaturge ; Molière était un grand dramaturge, donc Molière a écrit Le Cid."
L'amphibologie renvoie à une ambiguïté dans la construction grammaticale des prémisses. Une affirmation est amphibologique lorsque son sens est rendu flou par la combinaison maladroite de mots et par des expressions astucieuses : "Trois policiers ont surveillé le carrefour dangereux qui ne l'était pas jusqu'ici faute d'effectifs".
Crésus, le roi de Lydie, méditait une guerre contre le royaume de Perse. Prudent, il alla consulter l'oracle de Delphes, qui annonça à Crésus qu'"il détruirait un puissant royaume". Ravi, le roi déclara la guerre - puis fut défait par Cyrus. Il survécut et plus tard, alla se plaindre à l'Oracle. Les prêtres lui répondirent que l'Oracle avait eu raison : Crésus avait détruit un royaume : son propre royaume ! Les affirmations amphibologiques rendent les prémisses dangereuses.
Invocation de la force. Quelqu'un fait appel à la force ou menace d'y faire appel pour faire accepter une conclusion. On l'utilise en général quand on est à court d'arguments rationnels. "Si vous ne vous taisez pas, je vous colle un contrôle fiscal au c... ." "Je rappelle à M. le juge que sa décision entraînera des événements graves dans la cité des Francs-Moisins."
Beignets (argument fallacieux des -)
Un forme de fausse dichotomie qui implique que les beignets soient répartis en deux catégories : les gros beignets et les beignets au sucre.
(Tiré de Free to choose de Milton Friedman) Que penseriez-vous de quelqu'un qui vous dirait : "J'aimerais avoir un chat à condition qu'il aboie" ? Eh bien, quand vous affirmez que vous aimeriez un Etat à condition qu'il se comporte comme il vous semble souhaitable, cette affirmation est exactement équivalente. Les lois biologiques qui déterminent les caractéristiques des chats ne sont pas plus rigides que les lois politiques qui déterminent le comportement des services de l'Etat une fois qu'ils sont créés. Le comportement d'un Etat et ses conséquences désagréables ne sont pas des accidents, les résultats de quelque erreur humaine que l'on pourrait facilement corriger, mais les conséquences de son existence même, comme le miaou est constitutif de l'existence du matou.
Supposer que si tel événement ne s'était pas déroulé de telle manière, il ne se serait jamais déroulé. "Si elle ne l'avait pas été par Christophe Colomb, l'Amérique n'aurait jamais été découverte."
Usage d'un terme collectif sans délimitation précise des éléments qu'il réunit. "Nous", "vous", "ils" et "les gens" en sont les exemples les plus largement utilisés. Ce sophisme est particulièrement dévastateur dans le domaine du débat politique, où son usage rend impossible la tâche d'établir des distinctions parmi les différents groupes. Je mets souvent au défi ceux qui commettent ce sophisme d'éliminer de leur vocabulaire tout terme collectif, et chaque fois qu'il veulent utiliser un tel terme, de choisir à sa place une description précise du groupe que le terme est sensé représenter. Un pronom sans antécédent est un exemple du Sophisme de collectif ambigu.
Ici, deux
exemples :
1.
"En novembre dernier, 80% d'entre nous ont voté pour une hausse
significative des impôts". Dans cette affirmation, qui est
exactement "nous" ? Le locuteur cherche à assener l'idée
que la hausse des impôts est très largement soutenue, mais
si en fait on rapporte les 80% à ceux qui ont voté, ce
sous-groupe pourrait bien être un tout petit pourcentage de la
population totale.
2. "Nous devons former les journalistes à travailler pour l'intérêt général." Dans cette affirmation, qui est "nous" ? Le locuteur essaie-t-il de promouvoir une socialisation de la formation en préconisant un contrôle gouvernemental sur les écoles de journalistes ? Et quand il dit : "nous devons", veut-il en réalité dire "le gouvernement devrait" ? Et cet "intérêt général" n'est-il pas, simplement, une subtile manière de dire "mon intérêt" ?
Il s'agit en fait de deux sophismes étroitement apparentés. Sous sa première forme, le sophisme de composition consiste à transférer les propriétés des parties d'un ensemble à l'ensemble lui-même. Exemple : "Chacune des pièces de ces machines est légère. Donc cette machine est légère." Oui, mais une machine lourde peut être composée d'un grand nombre de pièces légères. Sous sa seconde forme, ce sophisme consiste à confondre l'usage générique et l'usage distributif de termes généraux. (Mais quelles langues parviennent à faire une telle distinction ?) Exemple : "Un camion utilise consomme plus de carburant qu'une voiture. Donc tous les camions consomment plus de carburant que toutes les voitures." La prémisse est une comparaison (distributive) entre une voiture et un camion. D'un point de vue distributif, chaque camion consomme certes plus de carburant que chaque voiture. Mais d'un point de vue générique, toutes les voitures consomment plus de carburant que tous les camions, parce qu'elles sont plus nombreuses. En inversant ce sophisme de composition, on ontient le sophisme de division.
Correction d'une supposition par une autre supposition
Implicitement, il suppose que je vais corriger ses suppositions erronées.
C'est l'inverse du sophisme de composition. Il implique la même confusion mais inverse la direction de l'inférence. Exemple : "Cette machine est lourde, donc chaque partie doit être lourde" ; "Les tigres royaux vont disparaître ; ce tigre est un tigre royal ; donc ce tigre va disparaître" ; "Devinette : pourquoi les moutons blancs mangent-il davantage que les moutons noirs ? Réponse : parce qu'ils sont plus nombreux."
"Eh m'sieu, vous auriez intérêt à acheter une bouteille de mon éléphantifuge. Sinon, les éléphants s'installeront par ici et finiront par vous piétiner. La preuve de l'efficacité de ce produit, c'est qu'il n'y a pas d'éléphant dans le coin !" Remplacez "éléphantifuge" par "Etat", et à la place d'"éléphant", mettez les mots "crime", "pauvreté", "chaos" ou "communautarisme", ou n'importe quoi de ce que l'Etat prétend nous protéger. Rien de ce dont l'Etat prétend nous protéger ne peut être empêché d'une manière plus humaine, plus juste et plus économique par la libre association d'individus libres.
Beaucoup de mots sont polysémiques : ils possèdent plusieurs sens. Si nous utilisons un de ces mots avec deux sens différents (ou davantage), nous utilisons ce mot de façon équivoque. Et si nous le faisons dans un débat argumenté, nous commettons une équivoque. Exemple : la fin d'une chose est sa perfection ; la mort est la fin de la vie ; donc la mort est la perfection de la vie." Ce syllogisme est faux car le mot fin y est utilisé avec deux sens différents : 1. but ; 2. événement final. Dans l'exemple, ces deux sens ont été confondus. Un type particulier d'équivoque consiste à utiliser des termes proches : "C'est sûrement un homme bon, car c'est un bon joueur de foot." L'équivoque se base sur l'ambiguïté d'un mot ou d'une phrase.
Egalement appelée "homme de paille". Présentez votre adversaire sous des traits trompeurs puis basez votre critique sur cette description. "Le libéralisme crée la misère, par conséquent le libéralisme est le mal."
Quand un
adversaire s'autorise à digresser par manque de cohérence
et refuse la logique et les preuves de son contradicteur. Il ne peut
pas saisir l'ensemble du problème - où le principe qui le
sous-tend -, se concentre donc sur une petite partie
(généralement un seul mot) et oriente sa
réfutation vers ce fragment minuscule en quoi consiste tout ce
qu'il arrive à percevoir : "Que voulez-vous dire par ----- ?"
où ----- est n'importe quel mot inclus dans votre argumentation,
et en général un mot assez ordinaire que votre
contradicteur utilise facilement dans d'autres contextes. Il envisage
les choses avec ses yeux de spécialiste, prélève
une partie de la vérité et refuse d'en voir plus, cite
parfois vos arguments les moins significatifs, pour faire croire que
vous n'avez rien conçu de mieux. Certains arguments Ad Hominem
ont probablement la même origine : l'adversaire n'est pas en
mesure de comprendre vos idées : il dirige donc sa
réfutation contre vous. Ou bien il se met à parler de ce
qu'il arrive à comprendre, ce dont résulte un
coq-à-l'âne permanent. Il s'empare d'un exemple et en fait
une généralisation. Quand il a observé que je
n'aime pas les palourdes, il en déduit que je déteste les
fruits de mer. Il voit un phénomène se reproduire deux ou
trois fois et en conclut qu'il s'agit d'un phénomène
régulier. Ces réponses ne sont pas
délibérées, mais résultent d'une
incapacité à percevoir l'idée centrale d'un
débat. La seule réponse possible à ce genre de
comportement est une immobilité bovine, à moins que
l'interlocuteur possède un degré de lucidité
suffisant pour réaliser sa défaillance, et un
degré d'amour-propre suffisant pour l'admettre.
Le syllogisme hypothétique : "Si A alors B ; B est faux ; donc A est faux" est valide. On l'appelle modus tollendo tollens ou négation de l'antécédent. Mais ce serait une erreur de nier l'antécédent A au lieu du conséquent B : c'est le sophisme de négation de l'antécédent. "Si Sam pense à apporter la bière, c'est un chic type. Sam n'a pas pensé à apporter la bière. Donc Sam n'est pas un chic type."
"Si le gouvernement n'exerçait pas un contrôle sur la fabrication, la distribution, le prix et la vente des chaussures, nous marcherions tous pieds nus !" Si "chaussures" ne vous convient pas, remplacez-le par "police", "poste" ou "assurances sociales", ou n'importe quoi d'autre de ce que le gouvernement prétend fournir. Rien de ce que l'Etat prétend offrir ne peut être fourni d'une manière plus humaine, juste et économique par la libre association d'individus libres.
(The
Objectivist Newsletter, avril 1963) : "Prouver la non-existence de ce
pour quoi il n'existe aucune preuve de quelque sorte. La preuve, la
logique, la raison, la réflexion n'e s'appliquent qu'au domaine
de ce qui existe, et ne traitent que de cela. On ne peut pas les
appliquer à ce qui n'existe pas. Rien ne peut s'appliquer
pertinemment au non-existant. Une proposition positive, basée
sur des faits qui ont été mal interprétés,
peut être réfutée en explicitant les erreurs dans
l'interprétation des faits. Une telle opération est la
réfutation d'un positif, pas la démonstration d'un
négatif... La démonstration rationnelle est
nécessaire ne serait-ce que pour soutenir qu'une chose est
possible. C'est un défaut de logique d'affirmer que ce qui n'est
pas prouvé comme impossible est, par conséquent,
possible. L'absence ne constitue la preuve de rien. Rien ne peut
être inféré du rien." Si je dis "Tout est
possible", je dois admettre la possibilité que cette proposition
est fausse. Le doute doit toujours être spécifique, et
peut seulement exister par contraste avec ce dont on ne peut pas douter.
Ce sont des questions composées ou indirectes auxquelles on ne peut répondre de façon pertinente par "oui" ou par "non". Elles supposent une réponse préalable à une question informulée. Exemples : "Battez-vous encore votre femme ?", "Vos ventes ont-elles progressé en raison de votre publicité mensongère ?" Une variante de cet argument fallacieux consiste à mêler deux questions pour n'obtenir qu'une réponse : "Oui ou non, êtes-vous pour le socialisme et la prospérité ?", "Sois un gentil garçon, va au lit." La meilleure manière de manier de telles questions est de les couper en éléments simples : "1. Je ne bats jamais ma femme, 2. Votre question est stupide". "1. Je souhaite la prospérité, 2. Je ne peux donc en aucun cas être socialiste." [La procédure parlementaire appelle cela "fractionner la question".]
Consent
à quoi ? En fait, à quoi est-ce que je consens quand je
ne vote PAS ? A la politique de Chirac ? A celle de Le Pen ? A celle de
Jospin ? A la politique de tous ceux dont le désaccord avec le
système électoral empêche leur participation
à celui-ci ? Le processus d'implication contient une relation
causale : pour qu'une chose implique une autre, il doit exister un lien
de cause entre les deux. Or ceux qui affirment que "qui ne dit mot
consent" ne proposent aucune chaîne de connection logique entre
le silence et le consentement. Précisément, comment le
consentement découle-t-il du silence ? Comment peut-on
prétendre que les morts consentent à quoi que ce soit ?
Si mon silence implique vraiment mon consentement, jusqu'où va
ce consentement ? Suppose-t-on que je consens aussi à toutes les
choses pour lesquelles je reste silencieux ? Et même à
celles que j'ignore complètement ? Au fait que quelqu'un bat sa
femme à Calcutta ? Si je dois exprimer ma désapprobation
envers tout ce qui n'emporte PAS mon consentement, de peur qu'on me
reproche mon silence, mes jours seront trop courts pour une telle
pléthore de démentis.
1. "Pendant la Grande Crise, des millions de personnes ont été mises à la rue." Mais qui les a virées ? La première réponse à cette question serait, sans aucun doute, "leurs employeurs". Certes, cette proposition invite le lecteur les lecteurs à inférer cette conclusion. Mais en fait, l'Etat, qui a détruit les industries par le biais de la taxation et de la régulation, est l'agent causal que la tournure passive de la proposition efface ou exclut de la représentation. 2. Déshumanisation de l'action : "Pendant les deux premières années de l'administration Garcia, l'économie connut une croissance rapide." Cette phrase établit une relation causale forte - mais implicite - entre les programmes interventionnistes de Garcia et la bonne santé économique. "Mais l'inflation échappa au contrôle de l'Etat et l'économie commença bientôt à se contracter." L'évolution de l'économie est maintenant décrite comme un mouvement possédant ses propres principes d'action, non-humains. Elle n'a plus pour cause des actions humaines, mais agit de son propre chef.
Représenter un continuum comme s'il n'était représenté que par ses deux extrémités. Consiste à diviser une série entière d'options en deux extrêmes, puis à insister qu'un choix soit fait entre l'un ou l'autre extrême, sans prise en compte des autres solutions.
Prendre en compte l'utilité apparente tout en ignorant l'utilité des alternatives.
"[...] À supposer qu'il faille dépenser six francs pour réparer le dommage, si l'on veut dire que l'accident fait arriver six francs à l'industrie vitrière, qu'il encourage dans la mesure de six francs la susdite industrie, je l'accorde, je ne conteste en aucune façon, on raisonne juste. Le vitrier va venir, il fera besogne, touchera six francs, se frottera les mains et bénira de son cœur l'enfant terrible. C'est ce qu'on voit.
Mais si, par voie de déduction, on arrive à conclure, comme on le fait trop souvent, qu'il est bon qu'on casse les vitres, que cela fait circuler l'argent, qu'il en résulte un encouragement pour l'industrie en général, je suis obligé de m'écrier: halte-là ! Votre théorie s'arrête à ce qu'on voit, ne tient pas compte de ce qu'on ne voit pas.
On ne voit pas que, puisque notre bourgeois a dépensé six francs à une chose, il ne pourra plus les dépenser à une autre. On ne voit pas que s'il n'eût pas eu de vitre à remplacer, il eût remplacé, par exemple, ses souliers éculés ou mis un livre de plus dans sa bibliothèque. Bref, il aurait fait de ces six francs un emploi quelconque qu'il ne fera pas.
Faisons donc le compte de l'industrie en général.
La vitre étant cassée, l'industrie vitrière est encouragée dans la mesure de six francs; c'est ce qu'on voit. Si la vitre n'eût pas été cassée, l'industrie cordonnière (ou toute autre) eût été encouragée dans la mesure de six francs; c'est ce qu'on ne voit pas. [...]" Texte intégral >>
Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, Frédéric Bastiat, 1850
(The
Objectivist Newsletter, janvier 1963) Utiliser un concept en refusant,
contredisant ou niant la validité de concepts dont celui-ci
dépend logiquement et génétiquement. Exemples :
"La propriété c'est le vol." "Les axiomes de la logique
sont arbitraires." (Or quelque chose est arbitraire par opposition avec
ce qui est logiquement nécessaire.) "Tout ce qui existe c'est le
changement et le mouvement." (Or le changement est uniquement
concevable pour une entité existante.) "Vous ne pouvez pas
prouver que vous existez." (Or la preuve présuppose l'existence.)
"Accepter la raison est un acte de foi." (Or la foi n'a un sens que par
rapport à la raison.)
A suivre. |
Work in progress. To be continued. |